Anouilh au beurre

Antigone, Antigone ! Le choeur a fini son speech. Il n’a pas changé une ligne. Le même qu’hier soir et le même que dimanche, en matinée. Il dit encore que tu vas mourir. Pourtant, je te promets, je lui ai dit deux mots, tout à l’heure, dans la loge. Je l’ai tiré par la perruque, je lui ai arraché ses faux-cils, je lui ai fait bouffer de la poudre de riz. Je ne suis pas bien épais, je ne suis qu’un petit page, mais quand je m’énerve, je m’énerve. Je lui avait fait jurer. Pas ce soir, pas la tragédie… Tant pis pour lui, et tant pis pour la pièce; viens, Antigone, partons. Tu ne mourras pas ce soir, ni Eurydice, ni Hémon. Ce soir, Ismène dira des poèmes. Ils se débrouilleront bien sans nous. Viens, Antigone, je t’emmène. Je ne veux plus que tu meures.

Illustration Ange7.

Laisser un commentaire