Bateler

écho


 

J’ai déjà dit à l’occasion, quand on m’a posé la question : je suis opposé à la rime.
Elle muselle le sublime, elle clôt en un carcan étroit l’idée qui devrait, selon moi, batifoler dans l’infini.
Intolérante, elle asservit : elle met le poète en chaînes.
Elle commande aux mots qui nous viennent un agencement affecté. Elle transmue la réalité.
Elle réduit l’imagination à une échelle famélique et veut imposer sa logique au chaos de la création.

 

Illustration Ange7, 2008.

 

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Carton-pâte

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Vit-on donc, désormais, à l’heure sonnée des leurres ?
À l’époque où les amis ont pour visage un avatar ?
Où l’on confie, à son psy, par mail, ses mauvais réveils  ?
Une saison où le melon se choisit au clic d’un bouton ?
Où l’image de l’idée est, seule, donnée à penser ?
Ces jours où, au carrefour, veille un agent de papier ?

 

Photo Ange7, Thaïlande 2008.

 

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Canevas pas du tout

©Ange7

 


Notes pour plus tard :

Je n’ai pas fait pire depuis longtemps
, voilà ce qu’il pensait tandis que ses yeux couraient comme des perdus sur la toile peinte, ses chemins de couleur, ses excès de fureur, l’œuvre, la pauvre œuvre, qu’il venait d’achever. Pourquoi le regard de l’après était-il si tranchant et comment pouvait-il négliger, occulter, le travail, la vision, du pendant ? Ses mains étaient retombées, lourdes et inutiles et tout son bras, le long de son corps, était comme du bois mort. Au vrai, c’est son cœur qui s’éteignait sous cette pluie froide. Son visage prenait, déjà, une teinte de marbre, seuls les yeux brillaient de fièvre et semblaient lancer des éclairs fous vers la toile comme pour la transpercer, la déchirer, la faire disparaitre. Le feu, les cendres ? C’était une idée.

Pour aller avec : Claude Nougaro, Maudit.

 

Photo (et tableau) Ange7.

Vent debout

 

 

Je n’en peux plus, Pablo. Mes traits s’épuisent à suivre ta route. Un instant je crois t’entrevoir, au loin, sur ton vaisseau vapeur, sur ta fusée de faire. Tu travailles. Et comme lentement je me rapproche soudain tu accélères, de nouveau tu quittes la Terre. Géant, tu visites d’autres galaxies d’idées. Tu brises les vitrines du voir et de chaque éclat tu fais un projectile qui va se ficher dans la cible de la conformité.
Mais moi, Pablo, mon ami, comment trouver ta voie, sans le génie qui te hante, sans la folie impatiente de tout mettre à bas ? Je suis retenu par ces repères auxquels je crois, alourdi par mon savoir, je m’élance mais ne décolle guère.
Tu es un ouragan, Pablo, mais je suis trop pierre pour être emporté. De ma gravité, cependant, j’admire le tourbillon d’étoiles que tu soulèves au passage et qui éclairent comme flambeaux la route tracée de la liberté.

Photo Robert Doisneau, retouches Ange7