Notes pour plus tard :
Nous arrivâmes tôt et le ciel, derrière la fine crête de la colline voisine, était d’un blanc de sépulcre, à peine griffé de très fins nuages grisâtres qu’un vent matinal avait allongés indéfiniment, comme par jeu. Nos sacs étaient lourds et nous les posâmes un instant. Nos narines s’emplissaient de l’air froid du mois d’avril et nos poumons se glaçaient de cette fraîche liqueur. Nous étions ivres de tant de liberté. Rien ne semblait pouvoir contenir nos désirs. Nous prenions tous les chemins qui s’offraient à nous, les collectionnions comme des pierres précieuses d’un trésor fabuleux dont le coffre était nos boites crâniennes. Le nez un peu rougi par le matin, mais les membres chauds encore de l’effort, nous échangeâmes un sourire – pas de mots- et nous reprîmes dans le même mouvement d’épaule nos sacs d’aventure et la route nouvelle, le coeur plein des promesses que le lendemain ne faillit jamais à apporter à celui qui a la force de n’en attendre rien.
Photo Ange7, Muuido, 2008.