On s’y trouve à la nuit, en un piquant secret, le corps couvert de bure, tête encapuchonnée. Une mince trouée de la dense forêt abrite le conseil sous la lune complète. Le silence intégral s’impose tout d’abord. Si le vent est levé on écoute son brame, et comme il fait trembler les feuillages alentours. Ou quand la pluie s’invite à l’obscure soirée, c’est son chant sybillin qui tient lieu de débat. Pour le reste du temps, après des reflexions qui vont creuser en soi jusqu’empoigner le coeur, les échanges se font à filets de murmures. On partage avec foi le récit des malheurs qui nous sont advenus, les revers amoureux, à nouveaux essuyés. On convient qu’être humain est état pathétique, reconnaissant en nous les stigmates profonds de la médiocrité. On se soumet passifs au joug des éléments et accepte aisément cet esclavage exquis que les sentiments bruts exercent sur nos âmes. Enfin, avant le jour, l’assemblée se sépare mais non sans s’accorder des adieux solennels : qui sait qui survivra tout un cycle lunaire et pourra assister au prochain rendez-vous de notre inconsolée ghilde des romantiques ?
Photo Ange7, Ramatuelle 2009.
* ° * // Et juste pour la halte, un article au hasard au milieu du bazar ! \\ * ° *