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Quand on mit bout à bout tout les coups qu’il avait, en sa longue carrière, commis deci-delà,
Dans l’enceinte feutrée du grave tribunal, force fut de pousser un soupir ébahi.
De quinze à cinquante ans, par toutes les provinces, il avait estampé de naïves victimes.
Ici jouant du poing, là-bas faisant pitié, il avait inventé plus de cent stratagèmes,
Incarnant des vendeurs ou des hommes d’église, feignant le coeur brisé où le conseil crédible.
En flattant les imbus, en courtisant les vaines, il avait corrompu avec sens et brio.
Son air doux persuadait et sa fine lecture des coeurs et des esprits lui ouvrait un accès
Au sein des plus méfiants qui invitaient chez eux, sans s’en apercevoir, l’instrument de leur perte.
On lui reprochera, dans la foule innombrable de ses ponctions forcées, le peu de distinction.
Son art n’épargna pas les foyers plus modestes et s’il leur prenait moins, il les volait pourtant.
Ses morceaux de bravoure éclataient cependant dans le détournement des odieux personnages.
Avec intelligence il dépouilla certains de l’intégralité de leur or amassé.
L’examen de sa vie sans argent, sans excès, faisait alors planer un singulier mystère :
Que diable avait-il fait de toutes ces fortunes ? En quel endroit secret reposait le magot ?
De ça on ne sut rien et la condamnation, qu’il reçut avec flegme, parût sans intérêt.
Tandis qu’on l’emmenait pour un séjour ombreux, son oeil brillait encore et semblait déclarer :
Voilà un nouveau rôle qu’on me donne à jouer, comptez sur mon talent pour le vivre à merveille.
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Photo Ange7, Le Rayol 2010.
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